
La Ligne 2, Le Bilan - La Traversée des Pyrénées en ski de randonnée
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Temps de lecture 4 min
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48 jours, 736 kilomètres et 45 772 mètres de dénivelé positif. C'est le bilan chiffré d'une aventure hors normes : la traversée des Pyrénées à ski de randonnée, entreprise par trois membres de la Lagoped Family, Lucas, Paul et Luc. Parti en plein cœur de l'hiver, ce trio d'alpinistes a affronté des conditions météorologiques extrêmes, savouré des descentes inoubliables, et découvert un territoire dans lequel la nature règne en maître. Après leur retour, ils nous livrent leur récit brut, empreint d’émotions et de souvenirs marquants.
L’aventure de Lucas, Paul et Luc a débuté dans une ambiance de grande solitude. Dès les premières étapes, les montagnes pyrénéennes se sont révélées plus sauvages qu'ils ne l'avaient imaginé. Contrairement aux Alpes, où les parkings au pied des combes sont souvent pleins, les vastes espaces des Pyrénées offraient un isolement total. Leur itinéraire les a conduits jusqu'aux Encantats, un véritable paradis pour le ski de randonnée, où ils ont pu enchaîner vallons ouverts et couloirs raides sous un soleil éclatant. Mais, à l’horizon, un changement de décor s’annonçait déjà : l’Aneto se couvrait de nuages menaçants.
C’est, fraichement rentrés chez nous, dans les Alpes, que nous prenons le temps de nous retourner pour repenser à la deuxième moitié de l’expédition La Ligne. Depuis le refuge d’Airoto jusqu’à notre arrivée à Hendaye, nous avons encore vécu mille aventures et traversé mille paysages à couper le souffle. Une trentaine de jours variés ; tantôt à trois, tantôt accompagnés par des ami·e·s venu·e·s partager quelques jours avec nous ; tantôt à ski sous un soleil de plomb, tantôt à pied sous la bruine du pays Basque.
Les Encantats, paradis du ski de randonnée, aux portes de l’Aneto. Des reliefs très propices, entre larges vallons et couloirs raides, dont tout le monde nous avait vanté les mérites. Réflexe d’alpins, nous imaginions des parkings entièrement pleins au départ des combes. Mais nous avions encore beaucoup à apprendre des Pyrénées : sans aucune trace à l’horizon, la solitude nous a envahis de plus belle. Les Encantats sauvages nous ont ouvert leurs portes sous un soleil magnifique. Mais, nous le savions, le plus dur était à venir : au loin, le massif de l’Aneto commençait déjà à se parer de nuages gris, annonçant le retour du froid et de la neige.
Sont alors arrivés huit jours de mauvais temps, de vent et de neige. Donc huit jours plus tendus. Le trait principal du traverseur est d’être chaque jour en montagne, pour le meilleur et pour le pire. Quand la neige tombe et que le vent souffle, le risque nivologique augmente : il doit quand même aller de l’avant. Nous avons donc avancé à tâtons, abandonnant l’ascension de l’Aneto, adaptant notre itinéraire, et parfois jouant notre chance pour passer des cols obligatoires et chargés de neige fraîche et ventée. Mais nous avons malgré tout évité les avalanches et rejoint la station de Piau Engaly où nous avons retrouvé 3 ami·e·s, Adélie, Corentin et Lilian.
Avec elleux, nous avons retrouvé le soleil et la chaleur. C’est dans une ambiance printanière que nous avons traversé les Hautes-Pyrénées, étape couronnée par l’ascension du plus haut sommet français des Pyrénées, le Vignemale. Cette séquence de neuf jours à six restera comme l’une des plus belles étapes de notre traversée, sous le signe du soleil, du rire et de l’insouciance. La présence de nos ami·e·s fût pour nous trois un grand bol d’air nous sortant de notre routine, et même après leur départ, notre motivation s’en est trouvée décuplée.
Adélie, Corentin et Lilian nous ont ensuite quittés au col du Somport, et nous avons attaqué à trois nos derniers jours de ski. Trois journées aux paysages variés, entre les roches rouges du Pic d’Arlet et les Lapiaz de La Pierre Saint-Martin. C’est là que nous avons réalisé nos derniers virages de l’expédition, non sans nostalgie. Mais nous étions surtout heureux, sentant que le plus dur était dernière nous et qu’il ne nous restait plus qu’à marcher, skis sur le sac, jusqu’à l’océan.
Savourant les derniers jours de voyage, nous avons découvert le Pays Basque, sa cuisine, ses habitant·e·s accueillant·e·s, et ses Pottocks, tout aussi accueillants. Ces derniers jours ont aussi été l’occasion de multiples rencontres, favorisées par notre allure comique avec nos skis sur le dos à plusieurs jours de marche des premières neiges.
Puis, enfin, jeudi 6 mars, nous avons foulé le sable d’Hendaye, et nous nous sommes baignés, pas très loin des surfeurs étonnés par la forme de nos planches. Ces quelques brassées ont été un grand bonheur pour nous, la preuve que nous étions arrivés au bout de notre aventure, et que nous n’avions plus qu’à nous reposer et à retrouver nos proches.
Il est encore tôt pour le dire, mais nous sommes certains que cette aventure restera gravée dans nos mémoires et que nous n’oublierons pas les Pyrénées. Ce voyage nous aura offert des panoramas splendides, de bons moments de ski (et des moins bons), de grandes joies et de longues périodes de doute, un isolement profond et des rencontres fortes. Mais surtout il aura créé des liens entre nous trois comme seules les grandes aventures le permettent.
Et pour ceux qui voudraient revivre leur épopée, un film de leur expédition est en préparation. Rendez-vous l’hiver prochain pour découvrir en images cette incroyable traversée des Pyrénées à ski de randonnée !
Temps total : 48 jours, 21 heures et 35 minutes
Distance parcourue : 736 km et 45 772 m de D+ (et on ne s'est presque pas perdu)
294 plats lyophilisés mangés
27 nuits en tente
1 jour de repos
156 chutes (et non, aucune de plus)
Seulement 16 skieurs croisés hors station
18 jours de mauvais temps
L'équipe de La Ligne n'en est pas à sa première expédition. En 2022, les amis relevaient un défi similaire : rallier la mer Méditerranée au Lac Léman en traversant les Alpes françaises en ski de randonnée et à pied. Un film retrace les 518 km, 36 000 m de dénivelé positif et l'histoire de leur amitié.