Un échange Franco-Norvégien
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Temps de lecture 4 min
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Tout est parti d’un stage de ski de pente raide dans les Cerces. Entre deux virages, Candice lance : « Et si on partait skier en Norvège ? »
La promesse ne restera pas en l’air. Quelques mois plus tard, le projet prend forme : pas question de louer un van ni de partir en bateau organisé, ce qui donne toute sa force à un voyage, ce sont les rencontres. Alors, pourquoi ne pas imaginer un véritable échange : être accueillies par des Norvégiens et, en retour, les recevoir dans nos Alpes françaises ?
Candice poste un message sur un groupe norvégien de ski de randonnée. C’est ainsi que nous rencontrons Maria, passionnée de montagne et installée dans les Alpes de Lyngen. Enthousiaste, elle nous propose immédiatement de venir passer dix jours chez elle. Le cap est fixé : direction le cercle polaire.
Et parce que Candice souhaite développer ses compétences de cinéaste, nous raconterons cette aventure à travers un film et des photos.
Nous avions décidé de rejoindre la Norvège en train, par conviction écologique mais aussi par envie : celle de voir défiler les paysages et de sentir peu à peu l’Europe se transformer au fil des kilomètres. L’aller a tenu toutes ses promesses. De Lyon à Hambourg, puis Stockholm avant Narvik, les 2 jours et demi de trajet ont été une aventure en soi. Certes, les billets Interrail étaient plus chers qu’un vol en avion, et sans couchettes disponibles nous avons accumulé les nuits blanches sur des sièges inclinables. Mais la lenteur du voyage et la succession des ambiances rendaient cette approche unique.
Au retour, les choses se sont corsées. Des travaux sur la ligne rallongeaient encore un trajet déjà chronophage. Un jour supplémentaire s’ajoutait aux 2 jours et demi prévus, auxquels venaient encore se greffer les quatre heures de voiture. Après beaucoup d’hésitations, nous avons dû céder : cette fois, nous avons pris l’avion. Deux heures de vol, contre trois jours de train… Un choix frustrant, mais révélateur des difficultés actuelles à voyager autrement.
Le voyage en train vers le nord de la Scandinavie fut déjà une aventure en soi. Dès notre arrivée à Narvik, Maria nous attendait pour les quatre dernières heures de route vers les Alpes de Lyngen. Dès la première soirée, skis aux pieds, nous découvrons une neige parfaite dans la lumière d’un coucher de soleil. Skier au-dessus de la mer : la magie est immédiate. Très vite, nous mesurons l’exception du terrain : des couloirs plongeant directement dans l’océan, des glaciers suspendus au-dessus des fjords et une facilité déconcertante du dénivelé qui s’enchaine, libérés des contraintes de l’altitude. Ici, le ski commence au pas de la porte.
Nous logeons à Lenangstraumen, le village natal de Maria, niché au cœur des Alpes de Lyngen, qu’elle parcourt avec une énergie inépuisable. Plus qu’une hôte ou une guide, elle devient une amie. Nous sommes rapidement intégrées à sa famille et partageons leur quotidien : un père pêcheur, une mère infirmière, des voisins toujours prêts à prêter du matériel ou à nous embarquer en bateau vers les îles. Tout se fait dans la simplicité et le partage.
Chaque matin, Maria s’élance skis aux pieds, et chaque soir, nous retrouvons la chaleur d’un repas familial. Nous découvrons les saveurs locales – salade pomme-raisin-oignon-mayonnaise, petits pains de cabillaud, brunost (fromage brun caramélisé) – et nous improvisons en retour une quiche et des crêpes.
Les dix jours passent comme une descente trop courte. Comment remercier cette famille qui nous a accueillies avec tant de générosité ? Nous ne savons pas quand nous reviendrons en Norvège, mais une certitude est là : Maria viendra découvrir nos Alpes. Et déjà, nous nous réjouissons de pouvoir lui offrir un accueil à la hauteur de celui qu’elle nous a réservé.
Quelques mois plus tard, en août, Maria arrive à Annecy : quatre jours pour lui montrer notre terrain de jeu. Fidèle à elle-même, Maria déborde d’énergie et d’envie, ça s’annonce intense !
L’accueil commença par l’escalade, puis un vol en parapente au coucher du soleil, moment suspendu dans la lumière du soir au-dessus du lac. Plus que le cadre, c’est la montée en auto-stop qui l’impressionne : un autre aspect de notre culture montagnarde.
Le lendemain, nous partions déjà en Italie pour l’ascension du Grand Paradis (4000 m). Première nuit sous tente pour Maria et premier vrai pique-nique français : pain, comté, saucisson, brioche… Le réveil à 3 h du matin lança une ascension mémorable, avec via ferrata finale et même un petit mal des montagnes… pas pour Maria, mais pour Candice, pourtant plus habituée, mais réalisatrice de notre futur film, qui implique des allers-retours dans tous les sens pour maximiser les prises de vue.
Dernier jour, derniers vols. Le col des Frêtes est trop venté, mais Planfait nous offre des conditions parfaites : 1 h 30 de vol au-dessus du lac. Puis Doussard, entourées d’une bande de copains dont Candice en biplace, des voiles et des rires partagés. La soirée se termine chez Aristid, autour d’un grand repas d’été. À l’aube, Maria repart, mais les images restent.
Cet échange franco-norvégien a été bien plus qu’un voyage. Il a mêlé sport, amitié et découvertes culturelles. Dix jours dans les fjords norvégiens, quatre jours dans les Alpes françaises, et partout ce même fil rouge : l’énergie du partage.
Ce récit deviendra bientôt un film, porté par Candice. Une belle façon de prolonger l’aventure et de la partager encore plus loin.